Grossesse en entrepreneuriat, voilà un vaste sujet. L’inconnu, surtout. Comment gérer son activité pendant la grossesse ? Comment anticiper les évènements liés à la grossesse et préparer son entreprise ?
Je vous raconte comment ma deuxième grossesse ‘préparée’, s’est transformée en surprise. Comment elle a été la petite graine qui m’a, petit à petit, amené à écrire ses lignes, sur ce blog. Comment ces erreurs de ‘projection’ et d’anticipation, m’ont aidé à comprendre les problématiques d’organisation de mon entreprise. Et pourquoi cette grossesse compliquée a, finalement, été la meilleure chose qui soit arrivée pour moi et notre entreprise.
Une grossesse pourtant préparée
Tout a donc commencé en 2015 finalement. Le début de la prise de conscience. Comprendre que j’avais fait des erreurs d’organisation. Comprendre que nous avions fait des erreurs stratégiques et pris des décisions peu optimales, sans doute. Des décisions qui n’avaient pas forcément mis en danger notre entreprise, bien au contraire. Mais des décisions où nous avions pensé à notre entreprise avant de penser à nous, à nos projets de vie, à notre famille.
Lorsqu’on est entrepreneur, décider d’avoir un enfant n’est pas anodin. On est indispensable à notre activité. Il faut donc bien réfléchir et ‘organiser’ tout ça !
D’autant plus lorsqu’on travaille en couple, que l’on a déjà un autre enfant et que l’unique revenu du foyer est apporté par cette activité.
On pensait avoir bien réfléchi et même avoir été chanceux. Et puis, tout ne s’est pas passé comme prévu.
Depuis toujours, nous avions organisé notre organisme de formation autour de l’année scolaire. Nos sessions de formation étaient programmées entre septembre et juin. Il fallait donc prévoir une fin de grossesse entre mai et début août, nous laissant l’été pour accueillir notre bout de chou. Eh oui, nous savions, de notre première expérience en tant que nouveaux parents entrepreneurs, 6 ans plus tôt, que je n’aurai que très peu d’indemnités de congés maternité (comparativement à un statut salarié). Pas question donc de mettre notre activité en suspens.
Je suis enceinte !
Au mois d’octobre 2015, nous apprenons que nous attendons un heureux évènement pour le mois de juin. C’était parfait. Quel bonheur !
Premier rendez-vous de contrôle : j’ai un décollement du placenta. Je dois rester alitée. Le risque de fausse couche est élevé. Je dois éviter un maximum les transports.
Premier coup dur. Ayant toujours vécu en province, notre siège social et nos bureaux quotidiens s’y trouvent, mais nos formations avaient lieu, à cette époque, uniquement à Paris où nous avions aussi des locaux, et à Lyon et Bruxelles, 1 à 2 fois par an. Je prenais donc le tgv 2 à 3 fois par mois en moyenne.
Nous étions un peu surpris, moi qui n’avais eu aucun souci de ce genre à ma première grossesse. Être alitée pendant la grossesse lorsqu’on est entrepreneure, on y pense comme ce qui arrive toujours aux autres. Et on y avait tout de même songé, mais peut-être pas à ce stade. Bon, il fallait s’organiser, ce n’était pas insurmontable.
Une grossesse complètement alitée
J’ai travaillé semi-allongée pendant plusieurs semaines avec un ordinateur portable, je me suis fait remplacer lorsque c’était possible mais j’ai tout de même pris une ou deux fois le tgv, pas le choix !
Ce décollement prendra 3 mois à se résorber. Mais nous ne savions pas que ce ne serait que le début d’une longue série. Nous voilà au 4ème mois de grossesse. Et depuis un mois, nausées et vomissements font mon quotidien. Pareil, je n’en avais que très peu souffert à la première grossesse. Mais il paraît que cet état augmente avec l’inactivité, tout s’explique. Nous étions surpris et assez déconcertés de l’impact que cette grossesse pouvait avoir sur mon quotidien d’entrepreneure. Impossible de travailler et se concentrer avec cette nausée et jusqu’à 8 vomissements par jour.
Et dans le même temps, les contractions commencent. Encore une fois, je n’avais pas connu ça la première fois. Au début, c’était 1 par heure en moyenne (et ça le restera jusqu’à la fin), mais la position assise au bureau me faisait passer à 3 contractions/heure. Et ce que nous n’avions pas du tout prévu c’est que je ne pourrais pas du tout travailler en position semi-assise. On ne s’en rend pas compte mais cette position, avec ordinateur et bras en position pour écrire, fait travailler certains muscles abdominaux, ce qui provoque des contractions très rapprochées après 20 minutes à travailler. Pas ‘douloureuses’, mais extrêmement inconfortables car toute une partie du corps se bloque pendant de nombreuses minutes. Et puis surtout ‘angoissantes’. On ne sait pas quelles peuvent en être les conséquences.
Impossible de travailler, je suis mise en arrêt à nouveau et le serai jusqu’à la fin !
Quand il est impossible de travailler
On s’était imaginé pas mal de choses sur la conciliation vie de cheffe d’entreprise et grossesse (dont on avait eu une première expérience pourtant), mais pas ça. En effet, nous avions réussi à nous organiser. Sur les sessions de formation, le futur papa (aussi mon associé, si vous suivez le blog) avait pris ma place. Mais ces sessions ne représentent finalement qu’un quart de notre quotidien. En dehors de toute session de formation, mon quotidien est devant un ordinateur. Et dans ces conditions, nous n’étions pas du tout inquiets et pensions donc que, quoi qu’il arrive, je continuerai de bosser. Eh non !
Entrepreneuriat et grossesse alitée : les conséquences
Les conséquences financières
Nous avons décalé certaines sessions de formations et avons subi une certaine perte. Mais, sur ce point nous avions été prévoyants. Nous avions souscrit à une assurance ‘Homme clé‘.
Une assurance que je vous conseille vivement, en tout cas dès que votre activité vous permet de dégager un revenu et que vous en êtes dépendant. Ça a un coût, certes. Mais ça a assuré mon revenu durant cette période d’arrêt, pas vraiment indemnisé au statut TNS.
Pour l’anecdote, une fois le bilan réalisé, l’année suivante, il s’est avéré que cette assurance été du même montant que notre perte de CA (ou en tout cas, de la différence de CA avec l’année précédente).
Donc finalement, pas d’impact financier, ni l’année en question, ni l’année suivante. Mais au prix d’un emploi du temps surchargé l’année qui va suivre, … et les suivantes.
Les conséquences organisationnelles
C’est donc ma moitié qui a pris le relais durant plusieurs mois.
Dans notre entreprise, depuis 10 ans, chacun de nous a un rôle bien précis. Ça s’est fait naturellement et on ne se marche pas sur les pieds. Par contre, c’est, du coup, compliqué de prendre la place de l’autre.
Il y a eu donc 2 conséquences :
- mes tâches de travail ont été faites, mais avec des choses à ‘rattraper’
- son pôle a pris un gros retard.
Des conséquences qui se sont répercutées les années suivantes. Accumulées à une organisation déjà peu optimale (ou en tout cas qui ne respectait pas notre vie de famille), on en est arrivé à une organisation quotidienne chaotique. Et c’est tout l’objet de ce blog. Où je vous y raconte, bien sûr, la suite de cette grossesse !
Entrepreneuriat et grossesse difficile : ne pas anticiper
Vous l’aurez compris, nous n’avons pas vraiment réussi à bien anticiper les conséquences de cette grossesse pour notre entreprise. Mais cette grossesse a, malgré tout, été salvatrice. Ça a été un déclencheur, qui a fait boule de neige. Un déclencheur qui a permis une prise de conscience et m’a amené ici, à vous parler de slowbusiness.
Il fut un temps où, pour clôturer un tel article, je vous aurais noyé avec tout un tas de conseils pour vous éviter ça. Mais aujourd’hui, je ne le ferai pas. Parce que je n’ai pas envie de vous conseiller d’anticiper le pire pour une grossesse. Une anticipation qui ne créerait qu’angoisse et stress. J’ai aussi appris à profiter de l’instant présent, ne pas trop m’angoisser pour l’avenir. On trouve toujours des solutions. Pas toujours celles qu’on aurait escomptées, c’est vrai. En tant qu’entrepreneur·e, on est tous plein de ressources. Faisons-nous confiance. Faisons confiance en notre intuition. La preuve, mon entreprise a finalement passé ce cap ! Et même si ça n’avait pas été le cas, peut-être que c’est parce qu’il y aurait eu un autre chemin pour moi, pour nous.
Et c’est ça qui est beau dans la vie, celle qu’on va donner. L’inconnu, surtout. Profitons de cet inconnu.
Ah si ! Le seul conseil que je pourrais donner est de mettre en place dans votre entreprise, les règles de la slowlife et du minimalisme, tout ‘simplement’.
Une grossesse zen
Et pour celles et ceux qui serait tout de même un peu stressé·e·s, juste l’envie de faire une petite parenthèse sur l’Hypnonatal.
Ça a finalement été ma première approche de la méditation, dont je parle parfois dans ce blog. Lors de ma première grossesse, j’ai rencontré Lise Bartoli, qui a créé une méthode de préparation à l’accouchement. Je l’ai consulté pour quelques séances d’Hypnose ericksonienne, donc. Finalement, à mon point de vue, une version de la méditation pleine conscience. J’avais beaucoup apprécié. À cette époque, en 2009, je blogguais (ce qui m’a amené ensuite à créer un organisme de formation) mais je créais également des sites internet pour entrepreneurs indépendants. Oui, une époque où j’ai un peu touché à tout, comme beaucoup d’entre nous par ici. Elle m’avait demandé une refonte de son site et j’ai eu l’occasion de plus m’intéresser à la question en lisant ces textes en échangeant avec elle à cette occasion.
Depuis plusieurs années, je crois beaucoup en l’intuition et la loi de l’attraction. Mais je n’y étais pas du tout sensibilisée à cette époque, et je n’ai sans doute pas su voir dans cette sollicitation un signe que je devais sans doute aller plus loin.
Bref, je n’ai pas pu faire de séance durant ma deuxième grossesse. Déjà parce que je ne pouvais pas me déplacer mais aussi parce qu’elle enseigne maintenant sa méthode et ne se consacre plus qu’à l’enseignement. Mais j’ai souvent écouté les audios qu’elle a en téléchargement libre sur son site. J’ai aussi lu ces ouvrages, notamment “Le cahier zen de la future maman” que je vous recommande !