La création de ce blog est partie de mon envie de vous parler de ma petite entreprise, de mes états d’âme d’entrepreneure, des expériences qui ont été les miennes durant ces 10 ans dans le domaine de la formation, de mes joies et mes difficultés de cheffe d’entreprise, de notre vie quotidienne en tant que couple entrepreneurs et parents, mais aussi de mes projets.
Quoi de plus logique, que de commencer par vous raconter ce qui me donne l’envie d’écrire à ces sujets ; de ces 3 moments qui ont bouleversé ma vie d’entrepreneure, et ma vie, tout court, depuis 2016. Nous avons un de ces moments en commun et peut-être d’autres. J’ai le sentiment que nous avons tous vécu des bouleversements, avant tout ça. Nous sommes nombreux à nous poser aussi des questions, depuis un moment. Sur nous même, d’abord. Sur notre vie professionnelle, ensuite. Sur le monde, enfin.
1. Le jour où j’ai compris qui j’étais
C’était un 5 février. En 2018. Ce jour qui, comme certains autres (rencontre avec mes enfants, rencontre de mon mari, …) a bouleversé ma vie. Je me suis rencontrée, moi. J’ai découvert qui j’étais. Comme pour toutes les personnes qui le vivent, ce fut un choc. Une situation surréaliste, une sidération. Après avoir passé un test psychométrique je me suis entendue dire « Vous êtes bien une personne Haut Potentiel, surdouée ». Merde. En une fraction de seconde, toutes les certitudes que je pouvais avoir se sont effondrées. Toute ma réalité a été balayée. Tous mes repères ont disparu.
Être ‘surdoué·e’, ça veut dire quoi
Je ne savais plus qui j’étais. Ou plutôt, m’étais-je trompée sur la vision que j’avais des autres qui m’entourent ? Si j’étais passée à côté d’un truc aussi énorme durant toute ma vie, sur quoi je pouvais me tromper d’autre ? Et finalement, qu’est-ce que ça veut dire ? Être une personne « Haut Potentiel », ou hp, hpi, zèbre, atypique, pour les intimes, c’est très loin de ce que l’on peut imaginer. Tellement loin que, comme la majorité, je ne m’étais pas imaginée l’être, une seule seconde.
Oubliez tout ce que vous pensez savoir à ce sujet. Ce n’est pas être plus intelligent, être un petit génie lorsqu’on est enfant. C’est avoir un « fonctionnement cognitif » différent. Tellement différent qu’effectivement, on peut avoir certains ‘potentiels’, que d’autres n’ont pas (faut-il encore en avoir conscience et les utiliser) mais aussi des handicaps. Des handicaps très concrets dont on parle très peu et que le mot « surdoué », très mal choisi, balai d’un revers de main. Mais, à mon sens, ces handicaps prennent une place largement plus importante dans ma personnalité et mon quotidien d’entrepreneure, que les potentiels : hypersensibilité / hyperesthésie, problèmes de communication et donc relationnel, difficultés de compréhension de notions simples et évidentes, soucis de concentration (déficit de l’inhibition latente), mémoire sélective, perfectionnisme néfaste, motivation ‘sélective’ et procrastination, rapport à l’argent, rigidité (au regard de certaines valeurs), pensées envahissantes, grande naïveté, difficultés face à la monotonie, …
Tout l’enjeu de mon cheminement personnel, depuis quelques temps, est donc d’inverser la tendance : utiliser davantage mes potentiels et adapter ma vie à mon mode de fonctionnement pour minimiser les conséquences de ces handicaps. Pas facile au début, je sens que ça commence à porter ses fruits ! Je commence même à être heureuse de cette différence, et de tout ce que mes potentiels m’apportent, ce qui n’était pas le cas au moment de sa découverte.
En effet, être un adulte surdoué qui s’ignore c’est avoir passé toute sa vie à sentir qu’il y a vraiment quelque chose qui cloche, notamment dans son rapport aux autres, mais sans savoir quoi.
Pourquoi faire le test ? Pourquoi en parler ?
Lorsque qu’une personne hpi fait la démarche de passer un bilan psychométrique, ce n’est jamais pour valoriser son égo et vérifier son niveau d’intelligence. Jamais. La question de l’intelligence est d’ailleurs une notion complètement détachée de la démarche. C’est surtout pour tenter de trouver une explication à ses ‘bizarreries’, avec lesquelles on vit et qu’on ne s’explique pas.
On a ensuite besoin d’en parler, auprès des personnes qui nous connaissent, comme pour se justifier de certaines réactions qui ont pu être les nôtres et qui n’avaient pas été comprises, parfois jugées. Mais également, on peut avoir envie de sensibiliser. Il y a 2 ans, je suis rentrée dans un autre monde, celui des personnes atypiques (hpi, aspie, dys, tda-h, …), à travers mes lectures, les réseaux sociaux. Et je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup de tabous et d’idées reçues.
En parler, c’est ma démarche aujourd’hui, avec ce blog. Certains seront surpris de la manière mais, vous me connaissez, faire les choses normalement n’a jamais été ce qui me définit, n’est-ce pas ?
Une quête de soi
Comme vous pouvez l’imaginer, cette découverte a eu un fort retentissement sur ma vie d’entrepreneure. Je me suis rendue compte à quel point mon manque de savoir sur mon mode de fonctionnement avais pu influer sur mon entreprise. Se connaitre est essentiel, je m’en rends compte aujourd’hui.
Au-delà de la problématique ‘atypique’ qui est la mienne, nous avons tous un mode de fonctionnement différent. C’est une introspection que je conseille à tous les entrepreneurs. Comprendre qui on est, comment notre cerveau et nos émotions fonctionnent dans telle ou telle situation, peut changer nos interactions, et faciliter grandement notre vie d’entrepreneur·e. Sans doute avez-vous, vous aussi, démarré cette découverte de vous-même ?
À ce sujet, je conseille fortement à tous les entrepreneurs la lecture de « L’intelligence émotionnelle : Intégrale » de Daniel Goleman. Je n’ai pas fini de le lire, mais il m’a fait comprendre beaucoup de choses sur comment utiliser ce qu’on sait de son mode de fonctionnement pour améliorer, notamment, sa vie professionnelle. Je vous conseille aussi la méditation, dont j’aimerai reparler dans d’autres articles.
2. Et puis le Burn out
Et puis quasiment 1 an, jour pour jour, après cette découverte, mon entreprise vit des moments difficiles. Très difficiles. Elle n’est pas en danger, comme on pourrait l’imaginer. Elle vit juste un bouleversement énorme, des situations difficiles qui s’accumulent, qui lui demandent de s’adapter. Tout ceci est peut-être inconsciemment provoqué par cette découverte et le besoin de changement. Qui c’est ? Toujours est-il que je découvre à ce moment mon hypersensibilité et je commence à comprendre mon rapport particulier aux emotions .
Je suis passée par une période de forte anxiété, un état que j’ai eu du mal à quitter. Après coup, je me demande si je n’ai pas fait un burn out. J’ose enfin dire le mot.
Depuis 10 ans, mon métier est d’aider les personnes qui veulent changer de vie, se reconvertir professionnellement. J’ai rencontré pas mal de personnes qui avaient fait des Burn out, et pour qui, la création d’entreprise fut ‘le premier jour du reste de leur vie’. Et là, c’était à moi que ça arrivait. J’étais pourtant cheffe d’entreprise. Mon projet, je l’avais créé. Je faisais ce que j’aimais. Tout ça était un peu paradoxal.
J’ai d’abord compris qu’être à mon compte était sans aucun doute la meilleure chose qui puisse me correspondre. Mais que malgré tout, ça ne me protégeait pas des lois du monde économique dans lequel on vit. Cela ne suffisait pas. Fallait-il encore ne pas se laisser prendre par ce tourbillon. Savoir s’arrêter et prendre du recul. Savoir dire non. Savoir dire stop. Savoir organiser son entreprise autour des valeurs qu’on porte et dans le respect de son mode de fonctionnement (et faut-il déjà le reconnaître et l’identifier). Ce que je n’avais pas vraiment fait, je pense.
J’ai revu mes priorités, j’ai transformé mon entreprise et ses objectifs. J’ai accepté mes handicaps. Le chantier n’est pas terminé, mais je pensais être sur la bonne voie…
3. Aujourd’hui, la crise sanitaire et le confinement
Et aujourd’hui, de nouveau à la même période que les 2 années passées, après un bouleversement de mon moi intérieur, un bouleversement de ma petite entreprise, c’est le bouleversement du monde.
Comme l’impression que l’univers nous envoie un message, non ? C’est étrange car, autour de moi, beaucoup de personnes ont vécu de fortes remises en question dans les mois qui ont précédés cette crise. Comme si on avait tous ressenti la nécessité de se poser des questions, d’apprendre à se connaître, de changer.
Cela va encore modifier ma vision des choses, de mon entreprise, c’est certain. Comme tout le monde le dit, on ne ressortira pas les mêmes de cette ‘expérience de vie’.
Ce confinement est un temps dont nous avons tous besoin pour nous arrêter et ‘recalibrer’ tout ça. J’avais l’envie et le besoin de prendre ce temps, mais je n’y arrivais qu’à moitié. Parce qu’il fallait suivre. Suivre la course du monde qui ne vous laisse aucun répit. Nous avons là une belle opportunité, une chance pour apprendre à se connaitre, se recentrer sur sa famille et repenser ses projets de vie.
Sans aucun doute le premier jour du reste de nos vies, … à tous.