Aujourd’hui, sur ce Blog, je pourrais vous donner des conseils sur comment faire face à vos annulations de mariages, et la mise en « stand-by » de vos entreprises. Je pourrais vous lister les aides envisagées par le gouvernement et les démarches administratives à faire pour les auto-entrepreneurs. C’est la direction que j’avais donné à ce Blog jusqu’à présent : des conseils pratico-pratiques sur l’entrepreneuriat dans le milieu du mariage.
Mais je ne le ferai pas. Parce que mon esprit est ailleurs. Parce que j’ai plutôt envie de vous parler de mon état d’esprit face à cette crise sanitaire. Celui d’une maman cheffe d’entreprise, qui s’est récemment découverte atypique et hypersensible, qui vis déjà des questionnements profonds sur sa vie d’entrepreneur depuis quelques mois, à la suite, je pense, d’un burn out (j’ose dire le mot) et qui se dirigeait déjà vers un nouveau « Way of Life ». Parce que le confinement ne fait que renforcer tout ça.
Et si cette période de confinement pouvait nous permettre de prendre du recul. Et si on profitait de ce temps pour s’arrêter et réfléchir à la suite, que l’on soit déjà entrepreneur, ou pas.
J’ai envie de vous parler de tout ça ces prochaines semaines. Ouvrir des réflexions et des débats. Toujours en lien avec notre regard sur l’entrepreneuriat, dans le domaine du mariage, ou pas. Et j’aimerai par commencer à vous parler de cette première semaine de confinement. Les réflexions qu’ont été les miennes.
Télétravailler, c’est compliqué
Tout s’est arrêté. Net. Nous avons mis en suspens notre activité. Nous avons reporté nos formations. Nous avons prévenu nos partenaires. Notre collaboratrice s’est arrêtée pour garde d’enfants.
J’ai continué à télétravailler, un mode de travail qui ne m’est pourtant pas inconnu. Mais j’ai l’impression que tout est différent.
Travailler avec les enfants
Je télétravaille beaucoup. J’aime être à la maison. Une chance qu’être cheffe d’entreprise m’offre. Il m’est difficile de travailler au bureau, je n’arrive pas m’y concentrer. Mais aujourd’hui, je dois télétravailler avec les enfants. C’est très difficile. Quasi impossible. Je ne vous donnerai pas de conseil sur la question, car je n’y arrive pas moi-même. Il ne s’agit pas seulement d’occuper les enfants, comme on peut le faire durant les vacances scolaires. Il s’agit en parallèle de prendre le rôle de leur enseignant. Mine de rien, ça prend du temps. J’ai passé la semaine à m’organiser : ressembler les activités, réfléchir à certaines pédagogies, faire un planning de travail. Au moins, de ce point de vue, la semaine est vite passée ! J’ai beaucoup aimé prendre ce temps avec eux.
Télétravailler, mais dans quel but ?
Le peu de temps que j’ai pu consacrer à travailler a été compliqué. J’ai fait ce qu’il y avait à faire. Mais tout étant mis en stand by, on ne sait plus vraiment ce qu’il y a à faire, du coup. Je fais partie de ces personnes pour qui, il est impossible de réaliser une tâche si on n’en voit pas l’utilité et n’en comprend pas le sens, bref, si on n’a pas une vision globale du projet. Sauf que là, cette semaine, il plane comme une incertitude sur tout. Et pour les personnes comme moi, c’est comme un gros bug. J’ai besoin d’avoir une vision à très long terme. Ça peut être handicapant parfois, car la moindre petite action que je fais aujourd’hui doit être reliée à une série de tâches interdépendantes entre elles, qui mènent à un projet global avec une vision à parfois 2 à 3 ans. S’il y a une coupure dans la chaine, tout déraille. Et je ne peux plus travailler. Impossible. Ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est juste que si la tâche est incohérente avec ma projection à long terme (ou qu’il n’y a plus de projection à long terme), même si ce n’est qu’une infime incohérence, ça bloque toute ma pensée. Je le sens : je n’ai plus d’idées, plus de motivation, je n’arrive plus à réfléchir. Tous les créatifs parmi vous qui me liront se reconnaitront sans doute ! Je suis au chômage technique !
Maintenir son entreprise à flot
Et puis, la grande inquiétude qu’on avait tous, cette semaine, c’était de savoir comment nous allions pouvoir maintenir nos petites entreprises à flot. Une inquiétude que nous allons continuer d’avoir un petit moment. N’ayons pas peur des mots : comment faire du chiffre d’affaires en cette période de crise sanitaire grave. Parce que oui, c’est une guerre sanitaire, mais c’est aussi une guerre économique. Au-delà de l’urgence, qui est de sauver des vies, d’un point de vue sanitaire, il y a l’importance de maintenir nos activités, qui sauveront nos vies ‘après’.
Mais tout à coup, il y a comme un sentiment d’indécence. Quand d’autres sauvent des vies par leur travail (personnel soignant, commerce alimentaire, …), c’est compliqué de continuer à vendre ton service dans le milieu de mariage, de l’événementiel ou de la formation…
Pourtant, pour notre part, nous avons les moyens de rebondir, avec nos formations en ligne, par exemple. Et peut-être que d’autres aussi parmi vous ont des solutions pour leur activité. Mais au-delà de mon ‘chômage technique’, il m’a été extrêmement difficile de réfléchir un plan de communication en ce sens pour préparer les mois qui arrivent. Tout ce que j’ai pu faire, c’est uniquement travailler sur les offres de gratuité en espérant qu’elles serviront à un maximum d’entre vous en ces temps de crise.
Il va pourtant falloir que je m’y mette. C’est notre entreprise et notre famille qui est en jeu. Mais c’est compliqué. Mon hypersensibilité et mes valeurs me bloquent. Pour certains d’entre vous aussi, j’imagine ? Il va falloir que je trouve du sens à tout ça, sinon, je n’y arriverai pas.
Je me concentre alors sur tout ce qu’un mariage apporte comme moments de bonheur, aux familles, réunis. Des moments de bonheur qui seront encore plus précieux demain qu’ils n’avaient pu l’être jusqu’à présent. J’ai envie de contribuer, à mon échelle, à ces bonheurs-là.
Je pense aussi à tous ceux d’entre vous, qui voudront profiter de ce temps pour changer de vie. Nous allons tous changer. Cette épreuve va nous transformer. Et beaucoup auront envie de donner un autre sens à leur vie. Je me concentre donc sur le fait que notre école pourra sans doute contribuer, à son échelle, à la concrétisation de ces beaux projets de vie.
Se recentrer et lâcher prise
En effet, ce confinement me permet aussi de continuer les réflexions qu’avaient été les miennes sur l’adoption d’un nouveau « Way of Life » : rythme de travail, lâcher prise, et instant présent.
Car le monde s’arrête, et nous aussi.
On se retrouve, avec nos enfants, chaque jour, 24h sur 24h, sans obligation autre de la vie. Sans courir, pour les amener à l’école, pour les activités,… En tant que chefs d’entreprise notre activité s’est arrêtée net. C’est encore différent des vacances, où le monde continue de tourner et où tu dois sacrifier du temps en famille pour travailler. Et souvent le temps de vacances est utilisé aussi pour partir en voyage ou faire un maximum de choses : planifier, courir, visiter,… Aujourd’hui, tout s’arrête. Tout. Ce n’est pas les vacances. On va rester à la maison, tous ensemble H24.
Plus de stress de la vie quotidienne. On va pouvoir profiter de chaque instant de nos enfants, sans rien d’autre qui nous parasite. Bien sûr, il y aura des moments difficiles. Mais on va pouvoir se recentrer sur l’instant présent. Je vais pouvoir faire du tri, du rangement, jardiner. Je vais lire. Continuer à méditer. Cuisiner avec les enfants. Faire la sieste avec mon petit dernier.
Mais aussi, je vais pouvoir continuer de repenser l’école. Je vais pouvoir repenser ma vision de l’entrepreneuriat. Revoir mes priorités. Comme peut-être certains d’entre vous qui me lisez et qui avez envie de changer de vie, sans jamais oser. C’est le moment ! Si on ne prend pas le temps maintenant d’entamer des changements radicaux, on ne le fera jamais.